Pleins feux sur la vaccination

EN BREF - Avril 2003

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Est-il possible d’arriver à une couverture vaccinale de quatre-vingt pour cent ?

Des analystes examinent les performances des pays et évaluent les mesures nécessaires si l’Alliance veut réaliser les objectifs convenus à l’échelle internationale pour assurer la vaccination d’un plus grand nombre d’enfants

BIEN que les premières indications suggèrent une amélioration de la couverture vaccinale dans un certain nombre de pays, il est peu probable que l’objectif de GAVI visant une couverture de 80 % dans tous les districts dans 80 % des pays les plus pauvres d’ici 2005, soit atteint. C’est ce qui se dégage d’une analyse (1) réalisée pour le Conseil d’administration de GAVI par les conseillers en gestion McKinsey & Company.

Il n’existe pas d’approche « universelle » pour l’amélioration de la fourniture de services de vaccination - la solution sera sans doute différente pour chaque pays

L’équipe McKinsey a étudié de près les plans pluriannuels remis à GAVI, examiné les données de l’UNICEF et de l’OMS, et a interrogé des experts nationaux, régionaux et internationaux afin d’évaluer la situation actuelle quant à la couverture vaccinale et de prévoir l’évolution probable au cours des années à venir. On note des indications préliminaires encourageantes suggérant que GAVI pourrait bien contribuer à une augmentation « modeste » des taux de couverture globaux dans les pays ayant bénéficié d’un soutien du Fonds mondial pour les vaccins au cours des deux dernières années. Cependant, la conclusion générale est que, étant donné les niveaux d’activité actuels, la plupart des pays recevant un soutien de GAVI ne parviendront à une couverture de 80 % dans tous les districts qu’après 2010.

Chaque année dans le monde entier, environ 34 millions d’enfants ne bénéficient pas de la vaccination, ce qui conduit à près de 3 millions de décès évitables. Au moins 31 millions de ces enfants non immunisés vivent dans des pays recevant un soutien de GAVI et du Fonds mondial pour les vaccins. Deux enfants non vaccinés sur trois se trouvent dans l’un des cinq pays suivants : l’Inde, le Nigeria, la Chine, le Pakistan et l’Indonésie.

Il est évident que si les pays n’augmentent pas le taux de couverture vaccinale, les Objectifs de développement pour le millénaire des Nations Unies ne seront pas réalisés. Ces objectifs promettent de réduire de deux tiers le nombre de décès chez les enfants de moins de cinq ans d’ici 2015. En soutien à cet objectif, l’Assemblée générale des Nations Unies s’est engagée, lors du Sommet mondial pour les enfants de 2002, à « assurer la vaccination complète des enfants de moins d’un an, moyennant un taux de couverture de 90 % à l’échelon national, et de 80 % au moins dans chacun des districts ou division administrative équivalente » d’ici 2010.

Face aux conclusions du rapport de McKinsey, le Conseil d’administration de GAVI étudie les actions les plus appropriées pour atteindre les objectifs mondiaux. Lors de leur dernière réunion à New York, le 6 mars, les membres du Conseil ont indiqué qu’ils étaient peu disposés à lancer de nouvelles initiatives, préférant poursuivre le travail dans le cadre des politiques et des programmes déjà établis. Et, comme le rapport le conseille vivement, l’adoption de solutions adaptées à la situation locale et spécifiques à chaque contexte est nécessaire si l’on veut assurer une amélioration durable de la couverture vaccinale qui puisse profiter, à la longue, à l’ensemble du système de santé.

L’équipe McKinsey a été en mesure d’identifier des groupes généraux de pays en fonction des obstacles auxquels ils sont confrontés. L’équipe a identifié cinq « éléments moteurs » clés au niveau du système de santé qui déterminent les performances d’un programme national de vaccination : le degré d’engagement politique et financier ; l’infrastructure physique ; le système de surveillance et d’information ; la gestion de la fourniture de services et du personnel ; et le niveau de demande en matière de vaccination, ou mobilisation sociale.

Alors que certains pays ont tous ces aspects bien en main, la plupart des pays éprouvent des difficultés dans un ou deux de ces domaines, ce qui crée des « obstacles » à l’amélioration de leurs performances. La gestion inefficace de la fourniture de services et du personnel s’est révélée être l’obstacle à l’amélioration des performances le plus répandu, celle-ci affectant quelque 40 pays. Dans une poignée de pays, tous les obstacles sont présents. Selon le rapport, il sera nécessaire d’adopter une approche intégrée portant sur l’ensemble du système pour surmonter ces obstacles.

Sur le plan positif, McKinsey a conclu que, lorsque l’importance de l’immunisation est bien expliquée et que la mobilisation sociale est forte, on voit alors s’établir un « cycle positif » s’accompagnant d’un engagement politique ferme, d’un flux assuré de ressources dans les districts et d’une fourniture adéquate de services alliée à une bonne surveillance.

Une conclusion est claire : il n’existe pas d’approche « universelle » pour l’amélioration de la fourniture de services de vaccination - la solution sera différente pour chaque pays. Par conséquent, le rapport McKinsey sera communiqué aux pays ce mois-ci ; le Conseil d’administration de GAVI étudiera leurs réactions avant de décider de la manière d’accélérer la croissance du taux de couverture vaccinale.

Lisa Jacobs et Phyllida Brown

(1) McKinsey & Company Réalisation de notre objectif de vaccination.

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