Pleins feux sur la vaccination

ACTUALITES - Décembre 2001

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Avancées dans la mise au point d’un vaccin contre le paludisme

Picture: WHO/TDR/Crump
L’un des heureux élus :
un enfant thaïlandais est traité pour une crise de paludisme grave. Nombreux sont ceux qui n’atteignent jamais l’hôpital

UNE NOUVELLE FORMULE apportant une immunisation partielle contre le paludisme devrait être mise à l’essai sur un groupe d’enfants du Mozambique l’année prochaine. L’annonce, faite ce mois-ci par l’Initiative internationale pour le vaccin antipaludique (MVI), lancée par le PATH (1) et le laboratoire qui travaille à sa mise au point, GlaxoSmithKline, indique que ce vaccin aurait réduit le taux d’infection chez un groupe d’adultes ayant fait l’objet d’essais en Gambie (2) .

Selon l’équipe de chercheurs qui travaille à la mise au point de cette formule, bien que l’immunisation ne soit que partielle et de courte durée, les observations faites jusqu’ici laissent à penser qu’elle pourrait être plus prometteuse que la plupart des vaccins testés jusqu’ici. « C’est le premier vaccin qui a montré, de manière convaincante, qu’on peut protéger l’homme du paludisme », explique Adrian Hill, de l’université d’Oxford, membre de l’équipe initiatrice des essais effectués en Gambie. « Mais ce vaccin, appelé RTS,S/AS02, doit être modifié de façon à ce qu’il agisse plus longtemps et qu’il soit plus puissant », ajoute-t-il.

Toutefois, les scientifiques et les responsables de la santé publique pensent que les essais envisagés sur des enfants se justifient dans la mesure où ces derniers pourraient en retirer de plus grands bénéfices que les adultes. Selon les estimations, les enfants représentent quelque 90 % du million de personnes mourant de paludisme chaque année. Les jeunes enfants tendent à souffrir de crises de paludisme plus graves que les adultes car ils n’ont pas encore développé de défenses immunitaires contre ce parasite. Si un vaccin leur apportait une protection, ne serait-ce que partielle, cela leur permettrait de développer leurs défenses immunitaires naturelles et de réduire la gravité et la fréquence des crises infectieuses dont ils souffrent.

Les vaccins contre le paludisme sont connus pour être particulièrement difficiles à mettre au point, en partie parce que le parasite responsable du paludisme, le plasmodium falciparum, a, d’une part, un cycle de vie complexe, et d’autre part parce que le système immunitaire se retrouve confronté à des manifestations parasitaires très diverses. Dans le cas des régions endémiques, les scientifiques pensent qu’il est important que le vaccin fasse barrage à l’infection plutôt que de s’attacher simplement à réduire les symptômes de la maladie. A cette fin, il faut que le vaccin cible la forme immature du parasite, le sporozoïte, avant que celui-ci ne pénètre dans la circulation sanguine à la suite de la piqûre d’un moustique infecté. Le RTS,S/AS02 est fabriqué à partir d’une protéine du sporozoïte fusionnée avec la surface inoffensive anticorps du virus de l’hépatite B. En Gambie, ce vaccin a protégé 71 % d’hommes contre l’infection au cours des neuf premières semaines suivant la prise du vaccin, protection qui s’est malheureusement vue réduite à zéro au bout de seize semaines. Globalement, le taux d’efficacité de cette formule a été estimé à 34 % pour la période d’essai. L’objectif du projet MVI est d’accroître la durée d’immunisation et l’efficacité du vaccin.

Bien que GAVI apporte son soutien à certaines activités de recherche et développement, elle ne finance pas pour l’heure la recherche vaccinale antipaludique, qui bénéficie de financements consentis par d’autres acteurs. Elle tend plutôt à vouloir orienter ses fonds de R&D vers un nombre limité de produits et de technologies qui seront très prochainement disponibles sur le marché, comme les vaccins contre la méningite A, les pneumocoques et les rotavirus. Mais l’Alliance considère cependant que la mise au point de vaccins antipaludiques est une priorité de santé publique mondiale, et ses partenaires ont chaleureusement accueilli le soutien international aux essais de RTS,S/AS02 au Mozambique.

References

(1) Clinical Trials of Advanced Malaria Vaccine Candidate Expand to Mozambique

(2) Bojang K. et al. Efficacy of RTS,S/AS02 malaria vaccine against Plasmodium falciparum infection in semi-immune adult men in The Gambia: a randomised trial. The Lancet, 2001; 358: 1927-34. Consultation de ce travail de recherche en accès libre à l’adresse suivante : http://www.thelancet.com.

 

Phyllida Brown

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