Pleins feux sur la vaccination

MISE A JOUR - Mars 2002

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3 : Afrique occidentale : de petits incinérateurs fabriqués localement


A l’air libre : des déchets hospitaliers entassés sur un monticule dans un puits ouvert peu profond dans un hôpital de district africain

Adama Sawadogo est surnommé le pyromane parce qu’il a été chargé de veiller à la destruction sécurisée des déchets liés aux injections dans le cadre d’une campagne de vaccination contre la rougeole dans plusieurs pays. Le projet de destruction constitue l’une des tâches incombant à une équipe de logistique de l’OMS, dirigée par Souleymane Koné, du Bureau de l’OMS à Abidjan, en Côte d’Ivoire, qui intervient dans cinq pays d’Afrique occidentale : le Burkina Faso, le Mali, le Togo, le Bénin et le Ghana. Le projet a été rapidement mis sur pied et mis en œuvre en septembre 2001, juste à temps pour participer à une grande campagne de vaccination contre la rougeole dans la région en décembre.

« Il fallait que nous trouvions une solution avant que la campagne commence », dit Sawadogo, un ingénieur de formation. L’équipe avait calculé que la campagne en elle-même produirait 300 tonnes de déchets liés aux injections dans les cinq pays. « Il fallait que ces déchets soient entièrement détruits. »

Sawadogo et ses collègues ont découvert un type d’incinérateur simple, connu sous le nom de De Montfort, conçu par un chercheur britannique, James Picken, de De Montfort University, grâce à un financement initial du Département pour le développement international britannique. Il est fait de briques cuites spécialement pour résister à la chaleur, qui sont capables de supporter les 1500°C nécessaires à la destruction des déchets et peuvent être fabriquées localement.

L’incinérateur De Montfort possède deux chambres de combustion et deux portes : une porte supérieure par laquelle les boîtes de sécurité sont insérées, et une porte inférieure par laquelle la cendre peut être retirée après la combustion. Le feu peut être allumé avec du papier, du carton ou du bois additionné d’une petite quantité d’allume-feu. Jusqu’à quatre boîtes de sécurité de cinq litres peuvent être insérées dans l’incinérateur en une seule fois, empilées deux par deux.

Après avoir reçu une formation relative à la construction de cet incinérateur dispensée par son inventeur dans un atelier à Bamako, l’équipe multinationale a supervisé la construction de 277 incinérateurs sur l’ensemble des cinq pays. Afin de s’assurer que les boîtes de sécurité étaient brûlées, chaque district devait enregistrer toute boîte envoyée à l’incinérateur tandis qu’un opérateur comptabilisait l’arrivée des boîtes. D’une manière générale, 65 % des déchets de la campagne ont été brûlés dans des incinérateurs De Montfort ; dans certains des pays, ce chiffre a atteint 100 %. Le Dr Sawadogo indique que d’autres méthodes ont été autorisées dans les dispensaires situés dans des zones reculées des plus grands districts, lorsque la distance pour aller jusqu’à l’incinérateur le plus proche était trop grande pour garantir un transport sécurisé et économique.

Le Dr Sawadogo juge que la performance des incinérateurs durant la campagne a été très satisfaisante. Il explique qu’il y a eu peu de problèmes structurels pour lesquels il a fallu faire appel à l’inventeur. Certains incinérateurs ont dû faire des heures supplémentaires pour brûler des boîtes de sécurité entre 21h00 et 23h00 lorsque la campagne battait son plein, en particulier au Burkina Faso où 6 millions d’enfants ont été vaccinés. Dans quelques cas, des fissures sont apparues dans les briques, laissant penser que certaines d’entre elles n’avaient pas été cuites à des températures suffisamment importantes, tandis que quelques incinérateurs ont présenté des anomalies résultant, selon lui, de la vitesse à laquelle ils ont dû être construits. Malgré cela, les incinérateurs, d’une manière générale, ont été efficaces, économiques et leur gestion a été facile. « Nous avons d’ores et déjà des propositions pour améliorer les incinérateurs », poursuitil. « Dans le même temps, nous restons ouverts à d’autres méthodes susceptibles d’être utilisées conjointement avec l’incinérateur De Monfort. »

Pour plus d’informations, veuillez contacter le Dr Sawadago à l’adresse email suivante : seamesaw@yahoo.fr ou le Dr Koné : kones@oms.ci

Phyllida Brown

MISE A JOUR - Mettre les déchets liés aux injections hors d’état de nuire

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