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ACTUALITES - Octobre 2003
In English
Lutte renouvelée contre la polio tandis que les cas s’étendent aux pays voisins du Nigeria
©WHO |
LA POLIO qui sévit au Nigeria s’est propagée à plusieurs pays voisins précédemment exempts du virus, ce qui constitue, selon les experts de l’OMS, une « sérieuse menace » pour la santé publique. Une douzaine d’enfants ont été paralysés par le poliovirus sauvage au Ghana, au Togo, au Burkina Faso, au Niger et, plus récemment, au Tchad. Sur l’ensemble de ces pays, le poliovirus sauvage était en circulation uniquement au Niger l’année dernière.
La progression de l’infection au sein du Nigeria, de son épicentre au nord du pays, autour de Kano, à Lagos, ville de quelque 10 millions d’habitants, inquiète aussi les agents de la santé publique. Le Nigeria, qui fait depuis longtemps office de réservoir pour la polio en Afrique occidentale, est aujourd’hui le pays qui compte le plus grand nombre de cas de polio au monde, celui-ci devançant désormais l’Inde. Fin octobre, le Nigeria a déclaré 193 cas confirmés pour l’année en cours. L’Inde, elle, en a déclaré 161 contre 1 600 lors de la flambée épidémique de l’année dernière.
Suite à ce revers, le Bénin, le Burkina Faso, le Ghana, le Niger et le Togo ont dû lancer une autre campagne majeure de vaccination contre la polio, pour un coût de 10 millions de dollars, afin de protéger quelque 15 millions d’enfants et d’endiguer la transmission du virus. D’autres campagnes, au Tchad et au Cameroun, sont prévues pour la minovembre. Une deuxième série de campagnes suivra dans les prochaines semaines. Les campagnes menées dans des régions précédemment exemptes de polio vont inévitablement accroître les pressions sur les services de santé qui travaillent déjà à la limite de leurs capacités et s’efforcent d’améliorer leurs services de vaccination systématique.
Les analyses génétiques des virus présents dans les cinq pays affectés indiquent qu’ils sont étroitement apparentés aux souches qui circulent actuellement dans le nord du Nigeria. Ils sont clairement différents des souches du virus qui circulaient dans ces pays avant l’arrêt de sa transmission, il y a un an, voire plus.
« La propagation du virus est, bien sûr, extrêmement fâcheuse, en particulier au vu des énormes progrès réalisés en Afrique occidentale et centrale en 2001 et 2002 », constate M. Chris Maher, de l’Initiative d’éradication de la polio à l’OMS. Il indique que les partenaires de l’initiative sont persuadés qu’il est possible de mettre rapidement fin à la transmission du virus grâce à des campagnes efficaces dans les pays affectés. Selon lui, les raisons de la propagation du virus au Nigeria sont « très claires » : on n’a pas vacciné suffisamment d’enfants pour arrêter la circulation du poliovirus sauvage. Dans un état au moins, seuls 16 % des enfants avaient été vaccinés de manière adéquate contre la polio.
« Pour améliorer la qualité des activités, il doit y avoir une nette amélioration au niveau de l’engagement du gouvernement local et de la communauté, ainsi qu’une amélioration considérable de la formation et de la surveillance, » observe M. Maher. Depuis le lancement de l’Initiative d’éradication de la polio en 1988, le nombre de pays où la maladie est endémique est tombé de cent vingt-cinq à sept.
Pleins feux sur la vaccination - Octobre 2003 - Contenu
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