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Des vaccins pour tous les enfants - du rêve à la réalité

Par Jens Stoltenberg1

Les vaccins sont un miracle de la médecine. Quelques gouttes suffisent pour protéger des millions d’êtres humains contre des maladies qui ont tué ou mutilé des millions d’individus pendant des générations. La Norvège et d’autres pays riches parviennent à juguler de nombreuses maladies grâce aux vaccins. Moralement, il est de notre devoir de trouver le milliard de couronnes (113 millions d’euros) nécessaire à la couverture vaccinale de tous les enfants du monde. L’heure de l’action politique est venue.

La Norvège doit veiller à ce que les fonds qui manquent pour garantir la vaccination de tous les enfants du monde soient trouvés. Pour ce faire, elle doit augmenter les subventions norvégiennes et convaincre les autres pays et les donateurs privés de donner plus. Si cela ne suffit pas pour atteindre la somme nécessaire, la Norvège avancera les fonds manquants.

Cet article explique comment, à mon sens, la communauté internationale peut faire un grand bond en avant dans la lutte contre la misère et la pauvreté. Depuis l’an 2000, j’ai travaillé sur l’initiative internationale visant à garantir des vaccins à tous les enfants du monde, d’abord en tant que premier ministre puis en qualité de membre du conseil d’administration du Fonds mondial pour les vaccins de l’enfance. Ce fonds2, qui est présidé par Nelson Mandela, gère des sommes destinées à des programmes de vaccination dans les pays les plus pauvres du monde, ceux qui affichent un produit national brut inférieur à 1000 dollars par habitant.

Ne pas agir serait de la lâcheté

La rougeole, la coqueluche et les autres maladies infantiles les plus courantes tuent davantage d’enfants que le sida. Le sida frappe essentiellement les parents, et la communauté internationale doit se mobiliser contre le VIH/sida car il nous sera très difficile de combattre cette épidémie. La lutte contre la rougeole, la coqueluche, la diphtérie et d’autres pathologies contre lesquelles il existe des vaccins ayant largement fait leurs preuves, est par contre une tâche aisée. Nous savons ce qu’il faut faire. Nous savons que les vaccins sont efficaces. Aussi est-il inadmissible qu’un grand nombre d’enfants meure chaque année de ces maladies. La passivité de la communauté internationale est tout simplement un scandale politique et moral.

Comment cela est-il possible ?

Difficile de donner une réponse certaine. Cela tient au manque d’argent dans les pays pauvres et à l’insuffisance de coordination entre tous les organes de l’ONU et les autres qui s’occupent aujourd’hui d’une façon ou d’une autre de vaccination.

Le poète norvégien Nordahl Grieg écrivait « L’homme est noble. La terre est riche. Si la faim et la misère existent, c’est à cause de la lâcheté. » Nous sommes lâches de laisser des millions d’enfants mourir de maladies contre lesquelles il serait facile de les vacciner. Notre devoir est de mettre fin à cette situation absurde. C’est une obligation morale. Mais c’est aussi un investissement rentable. Car des enfants en bonne santé sont un gage important de croissance économique. Et c’est une mesure concrète qui donne des résultats.

Il est largement prouvé que les mesures sanitaires ciblées permettent de réduire le poids considérable de la maladie pesant sur les pays les plus pauvres. Le rôle du développement dans l’amélioration de la santé a longtemps fait l’objet d’un consensus. Par contre, l’impact des mesures de santé et de lutte contre la maladie sur le développement économique n’a pas été aussi facilement perçu.

Economiquement rentable

On a longtemps reproché aux économistes de ne pas avoir compris l’importance de la santé sur l’économie et sur le combat contre la pauvreté et de considérer la santé et la maladie avant tout comme une résultante du degré de développement économique et social. Cette conception traduit sans doute le manque de dialogue entre les professions dans notre société complexe. Au cours de ces dernières années, j’ai cependant constaté, dans ma propre discipline (l’économie politique), qu’on s’intéressait beaucoup plus aux grands équilibres. C’est vrai dans le secteur de l’environnement, avec les contraintes qui doivent aujourd’hui être imposées aux entreprises pour assurer un développement durable, mais également dans l’approche économique plus large de la lutte contre la pauvreté. Dans le débat international, les économistes ont souvent encouragé de nouvelles approches.

Les professeurs David Bloom et David Canning3 soulignent dans leur étude comment la santé influe sur les revenus et les perspectives de développement des individus4 : Premièrement, elle joue sur la productivité générale. Une bonne santé entraîne une hausse de la productivité, une baisse de l’absentéisme et un meilleur épanouissement. Deuxièmement, les individus en bonne santé vivent plus longtemps et sont plus à même de développer leurs connaissances et de miser sur l’éducation, tant pour eux-mêmes que pour leurs enfants. Troisièmement, les perspectives d’une espérance de vie plus longue incitent à faire des économies et à investir pour préparer sa vieillesse. Une épargne plus forte permet d’augmenter les investissements, ce qui renforce l’économie. Quatrièmement, l’effet global d’un meilleur état de santé se traduira d’abord par une réduction de la mortalité, puis par une diminution des naissances et un meilleur contrôle du développement de la population, deux éléments décisifs pour faire reculer la pauvreté.

La Commission Macroéconomie et Santé, présidée par le professeur Jeffrey Sachs, a présenté en 2001 un rapport exposant les conséquences économiques désastreuses de la maladie et d’un mauvais état de santé sur les individus, la société et les économies.5 Le rapport considère qu’en garantissant à tous l’accès à quelques services sanitaires de base, il est possible de sauver des millions de vies humaines, de réduire la pauvreté, de contribuer au développement économique et, partant, de créer un monde avec moins de disparités sociales et donc moins de conflits.

Parmi les services sanitaires de base, la Commission Sachs cite notamment la vaccination de tous les enfants. On le sait depuis longtemps, il s’agit là d’une des mesures sanitaires les plus efficaces. Le monde est plus sûr pour tous depuis qu’on a réussi à éradiquer la variole par de vastes campagnes de vaccination dans les années 1960 et 1970. Et aujourd’hui, nous ne sommes pas loin de pouvoir déclarer que la polio a été éliminée. Une forte réduction de la transmission de cette maladie a épargné de grandes souffrances aux individus. Je me souviens encore très bien d’avoir rencontré des enfants atteints de la polio dans un dispensaire de New Delhi en avril 2001. Des enfants avec des attelles et des béquilles étaient adossés contre le portail d’entrée. Ils avaient été frappés à vie par le virus de la polio. A l’intérieur du dispensaire, des nourrissons recevaient leurs deux gouttes de vaccin contre la polio. Ils avaient de la chance : ces gouttes les protègeraient à vie.

En Norvège, les parents emmènent leurs jeunes enfants dans des dispensaires pour les faire vacciner contre la diphtérie, le tétanos, la coqueluche, la polio, la rubéole, les oreillons, la rougeole, la méningite (Hib) et la tuberculose. Près de 100 pour cent des enfants norvégiens sont vaccinés. Ils sont ainsi protégés à vie. Dans les années 1980, de nombreux pays pauvres avaient réussi à augmenter leur taux de vaccination. Puis il y a eu des années de stagnation. La moyenne mondiale est actuellement de 75 pour cent. Cela signifie que dans les pays les plus pauvres, bien moins de la moitié de la population infantile est vaccinée.

Cette situation a des conséquences dramatiques. Au début du nouveau millénaire, 30 millions d’enfants par an6 n’étaient pas vaccinés contre les maladies infantiles les plus courantes. Conséquence : 3 millions d’enfants et d’adultes meurent chaque année dans la force de l’âge de maladies contre lesquelles il est possible de se protéger.

La mortalité élevée n’est pas la seule répercussion de cette situation. De nombreux enfants échappent à la mort, mais sont atteints de maladies et de souffrances durables. Des familles entières en pâtissent, puisque les parents sont au chevet de leurs enfants malades, ce qui affaiblit les revenus de la famille. Or l’histoire du développement nous a appris que la condition essentielle de la réduction de la natalité est le recul de la mortalité infantile. Ce fut le cas en Norvège aussi. Les parents ont beaucoup d’enfants lorsqu’ils savent qu’ils en perdront plusieurs pendant leur croissance. Quand la mortalité infantile diminue, le nombre de naissances baisse aussi, les familles deviennent plus stables et peuvent se concentrer sur le travail, l’éducation et le développement plutôt que sur la survie. D’autre part, le risque pour les femmes de mourir en couches, qui n’est pas négligeable dans de nombreux pays, s’atténue. Fort heureusement, car les conséquences pour la famille sont évidemment considérables. Le père se retrouve souvent seul avec de nombreux enfants, le plus jeune étant parfois nouveau-né. Moins il y a de naissances, moins les enfants meurent à la naissance.

Une nouveau partenariat aux objectifs ambitieux

Il y a quatre ans, un partenariat original a été créé pour inverser cette évolution néfaste et miser largement sur l’amélioration de la santé, dans la perspective de lutter contre la pauvreté. L’Alliance mondiale pour les vaccins et les vaccinations (GAVI) se compose de ses fondateurs : des organisations de l’ONU comme l’OMS et l’UNICEF, la Banque mondiale, l’industrie pharmaceutique, des représentants de pays riches et de pays pauvres. Parallèlement, le Fonds mondial pour les vaccins de l’enfance a également été créé, pour fournir l’argent nécessaire au travail de GAVI. De nombreux pays contribuent au fonds et la fondation humanitaire de Bill et Melinda Gates a fourni un apport initial précieux : 750 millions de dollars (soit environ 600 millions d’euros) sur une période de cinq ans. Le but de GAVI et du Fonds mondial est d’investir largement dans des vaccins de base pour les pays les plus pauvres, afin de soutenir le développement des infrastructures sanitaires de ces pays pour qu’ils puissent profiter à la population et faciliter l’introduction de nouveaux vaccins à mesure qu’ils sont disponibles.

J’avais pris note de cette initiative lors de son lancement dans les médias internationaux en janvier 2000. Je sais depuis longtemps que la vaccination est considérée comme l’une des mesures sanitaires dont le rapport coût-efficacité est le meilleur. La littérature spécialisée accorde une importance croissante aux investissements dans la santé et l’éducation pour faire reculer la pauvreté. En tant qu’homme politique, je me suis intéressé à la façon dont la politique du développement pouvait concrétiser cette perspective. L’adhésion de la population à l’aide au développement risque en effet de diminuer si nous ne sommes pas capables de montrer comment les fonds sont utilisés et quels sont les résultats obtenus.

Dès sa création, GAVI avait de nombreux atouts. Créée par des acteurs sérieux, ce partenariat s’est fixé des objectifs ambitieux mais réalistes, qui contribuent à réduire la pauvreté et à promouvoir le développement. C’est pourquoi je souhaitais que le gouvernement que j’ai dirigé à partir de mars 2000 fasse un geste conséquent en faveur de cette initiative. Nous avons déclaré vouloir contribuer à hauteur de 1 milliard de couronnes (113 millions d’euros) sur cinq ans. Le parlement a manifesté un large consensus sur le sujet et la subvention a été entérinée à l’automne 2000, lors de l’accord budgétaire avec les partis du centre.

L’objectif est à la fois simple et exigeant : il s’agit d’acheminer des vaccins salvateurs jusqu’aux dispensaires et aux villages. Le coût de la vaccination à vie d’un enfant est de 150 à 200 couronnes (17 à 20 euros). Mais il ne suffit pas de procurer les vaccins et l’argent. Le pays bénéficiaire doit aussi posséder une capacité suffisante. Vingt pour cent des fonds de GAVI servent aux infrastructures nécessaires. Car il existe de nombreux exemples de programmes consacrés exclusivement à l’amélioration de l’accès aux équipements et au matériel qui ont échoué. Dans chaque pays, les efforts doivent se baser sur des plans élaborés par le pays lui-même. Il est en effet le mieux placé pour établir des programmes susceptibles de bénéficier vraiment aux enfants. Le pays doit y consacrer des moyens budgétaires propres avant de pouvoir recevoir de GAVI les fonds qui lui permettront d’aller jusqu’au bout. L’aide extérieure doit être coordonnée de manière efficace et faire l’objet de prévisions sur une longue période. Sur tous ces points, GAVI s’est montré créatif et jouit désormais d’une bonne réputation auprès de ses partenaires. Près de 70 pays collaborent aujourd’hui étroitement avec GAVI et, petit à petit, la couverture vaccinale augmente.

L’aide de GAVI est subordonnée aux résultats obtenus. Dans un premier temps, les pays touchent une aide à l’investissement pour l’achat de vaccins pendant les trois premières années. Ensuite, l’aide est fonction des résultats. Des cabinets d’audit, notamment Price Waterhouse Coopers, effectuent un examen minutieux dans les pays bénéficiaires d’une aide et contrôlent que les vaccinations sont effectivement réalisées dans les dispensaires. C’est ainsi par exemple que l’aide au Kenya a été réduite, les objectifs fixés n’ayant pas été atteints. L’aide à l’Ouganda, par contre, a augmenté, les objectifs énoncés ayant été atteints et davantage d’enfants que prévu ayant été vaccinés.

Nos efforts récents n’ont pas été vains : près de 8 millions d’enfants dans plus de 55 pays ont pu être vaccinés. De nouveaux vaccins, notamment contre l’hépatite et la méningite, sont désormais plus rapidement accessibles. Plus de 30 millions d’enfants ont reçu de nouveaux vaccins depuis la création de GAVI. Le nombre d’enfants vaccinés augmente et, parallèlement, nous constatons une baisse de la mortalité infantile. On peut aujourd’hui évaluer à près d’un demi-million le nombre de vies qui ont été sauvées grâce aux efforts accomplis depuis 2000.

GAVI a contribué à faire vacciner plus d’enfants dans les pays les plus pauvres. Moins d’enfants meurent, moins d’enfants sont malades. Le rôle des dispensaires, qui assurent la vaccination, est renforcé. De nouvelles opportunités se créent et illustrent le fait que des efforts bien conçus dans un domaine peuvent apporter des bénéfices collatéraux. En Norvège, nous savons que les parents qui se rendent dans les dispensaires n’y trouvent pas que des vaccins. Ils y reçoivent des informations sur la nutrition, la prévention sanitaire, la contraception, la santé infantile et d’autres informations utiles.

Ceci sera aussi possible dans les pays les plus pauvres où le renforcement des dispensaires peut permettre de mieux faire face à des défis sanitaires comme l’épidémie HIV/SIDA et d’autres maladies graves. C’est ce que j’ai pu constater lorsque j’ai assisté à la vaccination d’enfants dans un dispensaire de Dakar au Sénégal, juste avant Noël. La vaccination permet au personnel de santé d’avoir un contact avec les mères et de leur donner des informations et des médicaments utiles. Au Ghana, la Croix Rouge a mis en œuvre un projet où les mères venant faire vacciner leurs enfants reçoivent une moustiquaire imprégnée pour se protéger contre la malaria. Il n’existe en effet aucun vaccin contre cette maladie qui coûte chaque année la vie à environ 1 million d’enfants. La Commission Sachs estime que la malaria, en plus des nombreux décès qu’elle a causés, a aussi ponctionné l’Afrique de 100 milliards de dollars au cours des 20 dernières années à cause de la maladie. Or nous savons que si tous les enfants des régions exposées à la malaria dormaient sous une moustiquaire, la mortalité diminuerait de moitié. La vaccination est donc l’occasion de relever d’autres défis sanitaires.

Un nouvel effort est possible

L’objectif est : des vaccins pour tous les enfants du monde

A l’horizon 2015, il ne paraît pas impossible de parvenir à vacciner contre les maladies les plus courantes neuf enfants sur dix dans les 75 pays les plus pauvres. Nous pourrions alors réduire de près de 3 millions le nombre d’individus mourant de maladies contre lesquelles il existe un vaccin.

Au sein de GAVI et du Fonds mondial pour les vaccins, on discute actuellement de l’opportunité d’ouvrir une nouvelle phase dans l’effort de vaccination, qui consiste à augmenter la couverture vaccinale tout en renforçant la capacité à mettre en œuvre des campagnes de vaccination ciblées lorsque des pays subissent des épidémies aiguës. Les épidémies de rougeole, en particulier, tuent beaucoup d’enfants. Nous essayons également d’intensifier les efforts contre le tétanos, qui tue, chaque jour, une centaine de mères en couches et environ 700 enfants. L’Iran venait de procéder à une grande campagne de vaccination contre la rougeole avant le séisme de Bam. La catastrophe aurait été beaucoup plus grave si une épidémie de rougeole était venue s’ajouter au drame. Par ailleurs, la recherche se poursuit pour trouver de nouveaux vaccins, notamment contre différentes formes de diarrhée et de malaria. C’est là aussi une partie importante de l’activité de GAVI.

Lorsque la Déclaration du Millénaire a été signée à l’ONU en septembre 2000, je représentais la Norvège. C’est là qu’ont été définis les « objectifs du Millénaire », qui se rapportent en grande partie à la santé. Dans certains domaines, nous savons qu’il sera difficile de les atteindre. Les progrès dépendent de la croissance de grands pays comme la Chine et l’Inde. Mais les pays les plus pauvres peinent et certains sont à la traîne. Il faut donc redoubler d’efforts lorsque c’est possible.

Nous en avons les moyens.

Que faire pour y arriver ? D’abord, il faut assurer la capacité des pays et établir des plans d’action adaptés. A ce niveau-là, GAVI a élaboré des procédures solides. Les infrastructures doivent être mises en place. La difficulté principale est et sera de trouver suffisamment d’argent et de rester présent jusqu’au bout. C’est là que la Norvège doit intervenir, pour ouvrir la voie et trouver d’autres donateurs.

Nous l’avons fait en 2000. La Norvège figurait alors parmi les principaux donateurs, soutenue largement par les partis politiques. Lors de l’accord budgétaire de l’automne, j’avais eu le plaisir d’obtenir le soutien du Premier ministre Kjell Magne Bondevik à la proposition du Parti travailliste visant à porter la contribution norvégienne au projet de vaccination à 300 millions de couronnes par an (34 millions d’euros). Nous prolongeons l’engagement norvégien d’une nouvelle période de cinq ans, jusqu’en 2010. Au total, la Norvège aura donné 2,7 milliards de couronnes (305 millions d’euros) de 2001 à 2010. Nous devons préserver ce consensus. Nous avons tout à gagner de la cohésion des partis.

Très concrètement, l’objectif est de fournir des vaccins aux plus démunis. Nous savons que cet objectif contribue largement au développement et au recul de la pauvreté. Il s’agit là d’un nouveau type de politique du développement où plusieurs parties collaborent pour un but commun, où les résultats sont contrôlés et où l’aide extérieure est coordonnée sans infrastructures administratives ni bureaucratie supplémentaires.

BLes gouvernements nationaux et les organisations internationales consacrent aujourd’hui des sommes importantes et déploient des efforts considérables pour la vaccination des enfants. Des organisations comme l’UNICEF et l’OMS travaillent depuis de nombreuses années sur la vaccination. S’y ajoutent les efforts d’organisations bénévoles dans le monde entier. Il est essentiel de poursuivre les efforts des pays individuels et des organisations internationales. Si le travail accompli en faveur de la vaccination diminuait, l’argent fourni pour de nouveaux vaccins par GAVI et le Fonds mondial pour les vaccins de l’enfance ne serait guère utile. Le Fonds mondial s’occupe actuellement d’évaluer le montant des fonds supplémentaires nécessaires pour que presque tous les enfants du monde soient vaccinés. Concrètement, il aimerait connaître le coût d’une augmentation de la couverture vaccinale de 70 pour cent environ à 90 pour cent d’ici 2015. Les estimations provisoires tablent sur une augmentation d’environ trois milliards de couronnes par an (340 millions d’euros). Compte tenu des promesses et des engagements qui ont déjà été formulés, de la part de gouvernements et de donateurs privés, nous disposons de contributions annuelles d’environ 2 milliards de couronnes (226 millions d’euros). Si personne ne réduit sa contribution, il manque donc à peu près 1 milliard (113 millions d’euros) par an pour garantir la vaccination de la quasi-totalité des enfants du monde.

La Norvège peut donner l’exemple

En Norvège, une majorité d’hommes politiques estime que le budget de l’aide doit passer à 1 pour cent du produit national brut. Comme l’économie norvégienne est en expansion, le budget de l’aide s’accroît chaque année de plusieurs centaines de millions de couronnes, même lorsque le pourcentage du revenu intérieur brut est fixe. De 2003 à 2004, la part est passée de 0,93 à 0,94 du revenu intérieur brut, ce qui a renforcé le budget de l’aide de 603 millions de couronnes (68 millions d’euros) pendant la même période. Aujourd’hui, le budget de l’aide s’élève à 15,3 milliards de couronnes (1,7 milliards d’euros) et il va continuer d’augmenter tous les ans. Nous disposons donc d’une marge de manœuvre pour mettre en œuvre ma proposition.

J’appelle à un effort par-delà les clivages politiques pour que la Norvège réunisse les fonds pour payer la note du nouvel objectif ambitieux de GAVI, qui constitue une contribution incontestable à la baisse de la mortalité infantile et un moyen d’atteindre l’objectif primordial de recul de la pauvreté. Nous donnons aujourd’hui 300 millions de couronnes par an (34 millions d’euros). C’est très bien, mais j’estime que nous devons être prêts à augmenter ce montant. La Norvège doit veiller à verser les sommes manquantes et à reconduire les subventions actuelles. Nous devons convaincre les autres de donner davantage et avancer la somme qui manquerait au final. Nous prendrons ainsi en charge la vaccination de tous les enfants du monde.

Dans la lutte contre la pauvreté, certains objectifs ne sont pas très éloignés, mais sont à notre portée : à la portée des individus qui voient ainsi se rapprocher un avenir plein d’espoir - et à notre portée, nous qui avons la responsabilité de contribuer à cette espérance. Les solutions sont banales, simples, concrètes. Nous les connaissons parfaitement et savons leur coût. Il suffit de faire.

Certes, beaucoup doit être fait pour vaincre la pauvreté. Commerce équitable, lutte contre la corruption, éducation et investissement dans les infrastructures, tout cela contribuera au développement des pays pauvres du monde. Le fait qu’il existe bien d’autres moyens d’action, souvent beaucoup plus exigeants et compliqués, ne doit pas être un argument pour ne pas mettre en œuvre les mesures les plus évidentes et les plus simples contre la pauvreté. Bien au contraire.

Puisque la lutte contre la pauvreté est une tâche tellement ardue, nous devons au moins faire ce qui, nous le savons, est efficace : vacciner les enfants.

Je pensais à cela lorsque je me trouvais dans l’étroit couloir d’un dispensaire, avec de nombreuses jeunes mamans, dans la capitale du Sénégal, Dakar, juste avant Noël. Elles étaient heureuses et pleines d’espoir. Bientôt leurs enfants allaient recevoir des vaccins salvateurs. Deux gouttes dans la bouche ou une piqûre au bras, et l’enfant est vacciné pour la vie. C’est un miracle de la médecine.

Un miracle dont tous les enfants méritent de bénéficier.

1 Jens Stoltenberg (1959) dirige le Parti travailliste norvégien. Il est également membre du conseil d’administration du Fonds mondial pour les vaccins, qui est présidé par Nelson Mandela.
2 Nelson Mandela, président, Graca Marcel, vice-présidente, Patty Stonesifer, Jacques-Francois Martin, Jacques Delors, Sa Majesté la reine Rania Al-Abdallah de Jordanie, Dwight L Bush, Dr. Tore Godal, Charles J. Lyons, Mary Robinson, Mstislav Rostropovitch, Amartya Sen, PhD, Jens Stoltenberg, Lawrence H. Summers, George W.Wellde
3 Université de Harvard
4 D.E. B.oom and D. Canning, “The health and wealth of nations,” Science, Vol. 287, 1207, fév. 2000
5 “Macroéconomie et Santé : Investir dans la santé pour le développement économique, Rapport de la Commission Macroéconomie et Santé, 2001
6 Organisation mondiale de la santé/V&B/03.20

Resources

GAVI Progress & Challenges 2004

GAVI fact sheets

Statements

OPED piece by Queen Rania of Jordan; Mary Robinson, former President of Ireland; and Jens Stoltenberg, former Prime Minister of Norway (PDF - 12K)

Vaccines for all the children: From vision to reality - by Jens Stoltenberg (PDF - 32K)

Press Releases

15 April 2004: Press Statement by Former South African President Mandela and Graca Machel

27 February 2004: GAVI and The Vaccine Fund Launch New Drive to Save 1 Million Children

Select Coverage

15 April 2004: Mandela, Machel meet former Norwegian PM
SABC (South African Broadcast Corporation)

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April 2004: Helping Tradition Meet Modernity - Queen Rania one of TIME Magazine's 100 most influential people
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