OBITUAIRE - Mars 2001
In English
Charles Mérieux
Charles Mérieux, vaccinologue, né le 9 janvier 1907, est décédé le 19 janvier 2001 |
Jacques-François Martin se souvient d’un mentor au service de la santé des plus démunis
CHARLES Mérieux est décédé à Lyon le 19 janvier 2001. Il venait juste d’avoir 94 ans.
Fortement influencé par l’approche de Louis Pasteur (son père avait été l’assistant d’Emile Roux, puis de Pasteur), Charles Mérieux consacra toute sa vie à la médecine préventive : c’est de lui, et de Jonas Salk, que vient le terme « vaccinologie ».
Charles Mérieux, qui se plaisait à dire qu’il n’y a pas de limites entre les deux filières de la médecine, industrialisa la virologie moderne dans la médecine vétérinaire. En cultivant les cellules in-vitro, il permit la production à grande échelle d’un vaccin contre la maladie de la fièvre aphteuse. Il appliqua ensuite cette approche au développement de vaccins humains contre la polio et les oreillons.
Dans les années 70, il développa le premier vaccin contre la méningite méningococcique, qui trouva une application inattendue au Brésil, où toute la population fut vaccinée en 1975. Cette campagne fut la précurseur des Journées nationales de vaccination qui furent introduites, une fois encore au Brésil, pour la polio, ouvrant ainsi la voie à l’éradication de la maladie.
Homme à l’énergie sans limite, Charles Mérieux créa en 1967 la Fondation Marcel Mérieux dont le Centre Pensières à Annecy a accueilli des milliers de scientifiques. En 1955, il co-fondat l'Association internationale de standardisation biologique et en 1974, il organisa le premier séminaire sur la vaccination en Afrique avant de créer Bioforce, une école pour former les logisticiens à une multitude de tâches à entreprendre dans les pays en développement et plus récemment, en 2000, un laboratoire P4 dans le seul but d’étudier les maladies africaines émergentes.
Charles Mérieux fut décoré de la plus haute distinction française, la Grand’ Croix de la Légion d’Honneur, et fut nommé docteur Honoris Causa par une douzaine d’universités internationales. Il était le symbole de l’efficacité industrielle au service de l’éthique et des pauvres de ce monde.
Sa vie familiale ne fut pas épargnée par les épreuves, mais il ne manqua jamais de démontrer la force qui découle de l’espoir. Résolument tourné vers l’avenir, il nous a appris à croire à l’impossible parce que dans son cas, l’impossible ne faisait pas le poids face à sa détermination.
Jacques- François Martin est le Président du Fonds mondial pour les vaccins de l’enfant.
Pour plus d’informations générales, consulter le site http://www.fond-merieux.org
Pleins feux sur la vaccination • Mars 2001 - Contenu |