ECHANGE D'IDEE - Mars 2001
In English
Ne perdez pas de vue une bonne vaccination systématique GAVI et les gouvernements ont-ils bien compris les priorités ? Catriona Waddington ouvre le débat
L’équité est la clé de voûte de notre politique
La réponse de Tore Godal
Nous convenons tous que le défi le plus important consiste à vacciner tous les enfants de la planète. Nous nous efforçons d’arriver à l’équité. Et cela signifie faire deux choses. Tout d’abord, nous avons besoin d’atteindre tous les enfants. Deuxièmement, il nous faut réduire l’écart entre les enfants des pays les plus riches et ceux des pays les plus pauvres. Dans les pays industrialisés, un enfant peut s’attendre à recevoir des vaccins contre onze ou douze maladies. Dans les pays les plus pauvres, les enfants seront protégés, s’ils ont de la chance, contre six ou sept maladies.
Nous avons tiré les leçons. En dépit des progrès spectaculaires réalisés en matière de couverture vaccinale systématique dans les années 80 avec les six vaccins de base, le progrès n’a pas été maintenu dans les années 90 et à la fin de la dernière décennie, un enfant sur quatre ne recevait toujours pas ces six vaccins de manière systématique. Faire « comme d’habitude » ne semblait pas suffire ; il fallait de nouvelles motivations pour faire augmenter la couverture. GAVI essaie de créer de telles motivations, à la fois pour renforcer les services existants et pour introduire de nouveaux vaccins sous-utilisés.
Catriona Waddington fait part de ses inquiétudes au sujet des Journées nationales de vaccination. En ce qui concerne leur lien avec la politique de GAVI, permettez-moi d’être clair à ce sujet : le rôle de l’Alliance est avant toute chose de renforcer les services de vaccination systématique. Le côté positif des JNV est qu’elles peuvent atteindre, et elles le font, pratiquement tous les enfants
(1). Elles sont, à notre connaissance, la seule approche à y parvenir. Si nous sommes sérieux à propos de l’équité, nous devons soutenir l’utilisation des journées de vaccination des gouvernements en tant que moyen de vacciner les enfants qui ne l’ont pas encore été, mais exclusivement à cette fin, ainsi que comme complément à un bon service de vaccination systématique.
Nous savons que les JNV peuvent avoir des effets négatifs sur le service de vaccination systématique. Elles doivent faire l’objet d’une planification en tant que programme régulier – en fait, elles peuvent être intégrées au système de vaccination systématique. Les perturbations occasionnées au reste du système peuvent, je pense, être réduites si, là où c’est opportun, les journées de vaccination sont menées à l’échelle régionale plutôt qu’à l’échelle nationale. De récentes analyses ont suggéré qu’un programme planifié de journées de vaccination peut vraiment aider à renforcer le système de santé
(2).
L’équité est également au cœur de l’effort de GAVI visant à donner à davantage d’enfants accès à des vaccins nouveaux et sous-utilisés tels que l’hépatite B et l’Hib. De nombreux pays à revenu moyen utilisent désormais ces vaccins mais, chose frappante, ces derniers sont toujours absents dans les pays les plus pauvres. Evidemment, de réelles questions se posent quant au moyen pour de tels pays de maintenir les ressources nécessaires à l’achat de ces vaccins. D’un point de vue réaliste, les pays les plus pauvres vont avoir besoin d’un soutien international pour leurs programmes de vaccination jusqu’à ce qu’ils puissent « s’extraire » de la tranche des pays les plus pauvres. C’est pourquoi l’Alliance travaille d’arrachepied pour trouver des mécanismes par lesquels un tel soutien peut être maintenu au-delà des cinq ans que durera notre engagement.
Les vaccins sont plus onéreux par dose que les six vaccins traditionnels, mais ils sont rentables en termes de coût par année de vie en bonne santé gagnée. Et, en termes de prix de revient par personne, ils peuvent être justifiés même si les dépenses publiques de santé sont inférieures à $10 par personne et par an. Mais nous savons que même la vaccination systématique avec les six vaccins de base n’est pas maintenue dans les pays les plus pauvres si l’aide internationale s’évanouit. Par conséquent, nous reconnaissons tous que la communauté internationale a le devoir de maintenir ce soutien, tandis que les gouvernements ont la responsabilité de convaincre les donateurs de poursuivre l’effort.
La question concernant la manière dont GAVI et le Fonds mondial ont affecté l’aide entre l’achat de nouveaux vaccins et le renforcement des services existants est essentielle. Le Conseil d’administration de GAVI a déjà exprimé son inquiétude vis-à-vis de l’équilibre des ressources déboursées au cours des deux premiers cycles. Il détermine actuellement si des mesures correctives doivent être prises, par exemple en augmentant la « part » attribuée à chaque enfant dans le groupe des naissances ou en étendant les critères selon lesquels les pays peuvent prétendre à un soutien pour renforcer leurs services existants.
Le Dr Tore Godal est Secrétaire exécutif de GAVI.
Références
(1)
Immunize Every Child - GAVI Strategy for Sustainable Immunization Services.
(2)
Disease eradication: friend or foe to the health system?
Pleins feux sur la vaccination • Mars 2001 -
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