MISE A JOUR - Mars 2002
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Gestion des déchets liés aux soins de santé : il existe des solutions
Mark Haltmeier, Annette Pruess, Franck Bouvet et Djibril Doucouré
LES responsables du programme national de vaccination en Côte d’Ivoire ont fait part de leur inquiétude quant à certaines pratiques douteuses concernant la gestion des déchets liés aux soins de santé. Conséquence : une étude sur le terrain a été menée dans le pays courant juillet 2000. L’objectif était d’identifier les besoins essentiels et de trouver des sources potentielles de financement en attirant l’attention des donateurs sur un problème contribuant de manière significative à la prolifération des maladies.
Pour illustrer les types de problèmes rencontrés et les solutions envisagées, voici quelques exemples :
Compétences mais manque de moyens
IDans un grand hôpital d’Abidjan, on nous a montré l’incinérateur, en panne depuis quelque temps déjà en raison du manque de fonds pour entretenir l’appareil et du manque de savoir-faire pour pouvoir le réparer. Le personnel s’était donc résolu à jeter les déchets dans une zone à l’intérieur de l’enceinte et à les brûler à l’air libre de temps à autre.
La direction semblait à la fois compétente et consciente des risques associés à une méthode de destruction des déchets inadéquate. Leur principal souci, cependant, était l’insuffisance du budget opérationnel à l’échelle de l’hôpital, une situation qui les avait obligés à fermer leurs unités de radiologie et de diagnostic. Alors la gestion des déchets, vous pensez bien…
Moyens mais manque de soutien à long terme
Dans les années 1990, un projet financé par une agence bilatérale avait abouti à la construction de 14 petits incinérateurs bien conçus et de bonne qualité. Seulement deux d’entre eux sont toujours opérationnels. Les restrictions budgétaires imposées par le gouvernement dans le secteur de la santé, qui ont conduit à une réduction significative des effectifs dans les hôpitaux, sont la principale raison de cet état de fait. Les premiers à être licenciés ont été les personnes les « moins qualifiées », et une fois les seules personnes capables de faire fonctionner les incinérateurs parties, le système tout entier a cessé de fonctionner correctement.
Moyens mais manque de compétences
Dans les contrées les plus reculées, où enterrer les déchets dans des puits semble la solution la plus appropriée, nous avons trouvé que le personnel de santé était assez bien informé des risques et gérait la situation d’une façon adéquate. Nous avons aussi été confrontés à des situations où il existait de réels besoins de formation. Par exemple, nous avons trouvé des seringues usagées et d’autres déchets à proximité d’une zone de rebut, c’est-à-dire près d’un monticule de déchets appelé puits d’enfouissement, mais aussi à d’autres endroits dans l’enceinte.
Lorsque les compétences et les moyens, mêmes modestes, vont de pair
Une visite au centre de santé primaire juste en périphérie d’Abidjan a révélé un tableau bien plus reluisant. Cette installation, qui ne dispose que de quelques lits pour des soins journaliers uniquement, possédait un système simple mais efficace pour la destruction sécurisée des déchets. Un petit incinérateur au sein de l’enceinte était rempli avec les déchets de la journée, chaque soir, par un travailleur qualifié : deux seaux en moyenne. Après l’ajout de tous les déchets aux aiguilles, l’incinérateur n’a pas nécessité de carburant supplémentaire pour fonctionner correctement. Le centre est soutenu par une ONG qui s’est penchée spécialement sur ce problème avec le responsable du centre, fournissant ainsi à la fois les compétences et les moyens nécessaires pour une élimination adéquate des déchets.
Conditions préalables pour des améliorations durables
L’évaluation a montré l’importance de fournir à la fois les compétences (formation au maniement des seringues après utilisation et sensibilisation) et les moyens financiers et techniques. Ces éléments doivent s’inscrire dans un cadre normatif. Les personnes interrogées responsables des soins de santé ont reconnu le manque de plans d’action, d’une politique de santé cohérente et de réglementations régissant la destruction des déchets.
A notre avis, le soutien extérieur est un facteur extrêmement important pour améliorer un système. Cette aide extérieure, qui peut être fournie par une institution locale, nationale ou internationale, pourrait se traduire par une formation continue. Nous croyons que le fait de garder les personnes motivées et au fait des techniques les plus récentes est probablement l’élément clé du succès.
Tandis qu’une aide extérieure concrète est essentielle, nous conseillons également à chacun de garder les pieds sur terre. Les solutions hightech seules ne suffiront pas. Nous devons avancer au rythme des hommes. Durant nos déplacements sur le terrain, nous avons doublé un certain nombre de camions dangereusement surchargés, en espérant, chaque fois que nous dépassions ces « éléphants » modernes au dandinement inquiétant, qu’ils ne se renverseraient pas comme les autres camions et remorques que nous avons vus dans des fossés. Cela nous a rappelé l’ampleur du problème de la mauvaise gestion des déchets liés aux soins de santé. Ne croyez pas que les solutions techniques puissent résoudre tous les problèmes. Nous devons veiller à ne pas surestimer nos capacités, tout particulièrement si les routes sont de mauvaise qualité. En faisant les choses au rythme de l’homme, les chances d’atteindre l’objectif augmenteront, d’autant plus si nous connaissons bien la « route », c’est-à-dire le contexte socio-économique et politique.
Les auteurs, lors d’une mission de l’OMS, ont inspecté un échantillon représentatif du système de gestion des déchets du pays à deux niveaux : d’abord au niveau géographique (du sud-est au nord-ouest), puis ensuite, au niveau institutionnel (du Ministère de la Santé et de l’hôpital de l’université aux centres de soin de santé primaires). Le rapport détaillé de la mission a révélé quelques limites importantes dans la gestion des déchets actuelle. Il y a un manque de plans d’action. La gestion sécurisée des déchets n’est pas considérée comme une priorité ; il n’existe pas de cadre légal formel ; et un manque de ressources financières limite les mesures qui s’imposent. Le rapport complet est disponible sur le site Internet www.healthcarewaste.org
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Pleins feux sur la vaccination • Mars 2001 - Contenu
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