ACTUALITES - Juillet 2002
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Les partenaires soutiennent une nouvelle approche pour accélérer le développement vaccinal
AVEC un effort concerté, des vaccins contre deux grands tueurs, le pneumocoque et le rotavirus, pourraient être développés et introduits dans les pays qui en ont le plus besoin d’ici environ cinq ans - une fraction du temps qu’a mis le vaccin contre l’hépatite B pour atteindre les pays à faible revenu après l’autorisation de sa licence d’exploitation. Le Conseil d’administration de GAVI a approuvé une approche entièrement nouvelle pour coordonner le reste des travaux de R&D sur ces vaccins et s’assurer que les fabricants investiront dans leur fabrication.
Pour soutenir cette nouvelle approche, le Conseil d’administration a autorisé l’utilisation de la troisième « fenêtre », ou sous-compte, du Fonds mondial pour les vaccins, à hauteur de $90 millions maximum sur les trois prochaines années, moyennant un passage en revue régulier. Jusqu’à présent, seuls les deux premiers sous-comptes, pour les nouveaux vaccins et le renforcement des services de vaccination, ont été ouverts.
Un objectif essentiel consiste à surmonter la barrière la plus importante au développement de nouveaux vaccins destinés à être utilisés dans les pays en développement : un manque de preuves claires et crédibles que les vaccins seront bien achetés. Ce manque de preuves a, par le passé, rendu l’industrie réticente à investir pour augmenter ses capacités de production desdits vaccins. Les prix sont restés élevés et à son tour, le secteur public n’a pas été en mesure d’acheter les vaccins, ce qui explique pourquoi la demande est restée faible. Le cercle vicieux s’est ainsi perpétué.
La nouvelle approche, développée avec l’aide du cabinet conseil McKinsey & Company, utilise les « Plans de développement et de lancement accélérés (ADIP) pour chaque vaccin. Avec le soutien de la Fondation Gates et de la Banque mondiale, des avant-projets d’ADIP ont été créés pour les deux vaccins. Autre conclusion importante : le développement de nouveaux vaccins ne dépend pas uniquement d’un accès à un financement immédiat, mais également des plans avec des objectifs clairs visant à établir la valeur des vaccins, à communiquer leur valeur et à les livrer. S’ils réussissent, les plans pourraient accélérer l’introduction des vaccins dans les pays en développement de près de six ans, empêchant ainsi bien des décès.
« Il s’agit d’un moment incroyablement important pour nous », déclarait James Christopher Lovelace, directeur de la santé, nutrition et population à la Banque mondiale et membre du Conseil d’administration, quand la décision a été prise le 20 juin.
Les ADIP définissent les grandes étapes, calendriers, acteurs et budgets nécessaires à la livraison d’un nombre spécifique de doses de vaccin à une date déterminée. Par exemple, les objectifs préliminaires sont de vacciner quelque 10 millions d’enfants par an contre le pneumocoque et quelque 30 millions d’enfants par an contre le rotavirus entre 2006 et 2012. Les plans pourront être révisés au fur et à mesure de la progression.
Chaque ADIP sera mis en œuvre par de petites équipes de quatre ou cinq personnes. Les équipes seront placées sous la supervision d’un groupe de pilotage nommé par le Conseil d’administration et consulteront également un panel d’évaluation scientifique et technique. Les détails relatifs à la méthode et aux lieux de travail des équipes restent à définir.
Parmi les tâches les plus importantes auxquelles les équipes sont confrontées, on trouve l’obtention de meilleures estimations de la charge de morbidité de ces maladies dans les différentes régions et les différents pays, ainsi que des preuves supplémentaires sur l’efficacité des vaccins au cours des essais cliniques (voir Mise à jour, page suivante). Les preneurs de décision qui paieront en fin de compte pour les vaccins, à savoir les gouvernements des pays et leurs partenaires internationaux, sont généralement peu enclins à investir dans des vaccins sans de solides preuves du nombre de vies qu’ils peuvent sauver.
Pour éviter les conflits d’intérêt potentiels par rapport aux produits vaccinaux individuels, les représentants de l’industrie ne seront pas autorisés à siéger aux panels d’évaluation où des produits spécifiques seront débattus. Les membres du Conseil d’administration sont également prévenus de la nécessité de s’assurer que, tout comme l’industrie a le droit de protéger sa propriété intellectuelle, GAVI devrait être claire quant à la contrepartie qu’elle attend en échange de l’argent du Fonds mondial pour les vaccins investi dans le développement de produit.
Phyllida Brown
Pleins feux sur la vaccination • Juillet 2002 - Contenu
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