EN BREF - Décembre 2001
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GAVI et le nouveau fonds mondial : des approches semblables ou différentes ?
Neuf mois après les premières annonces faites par le Fonds mondial de lutte contre le SIDA, la tuberculose et le paludisme, Lisa Jacobs fait l’état des lieux des progrès effectués et compare les expériences respectives de GAVI et de cette nouvelle initiative
LES progrès de GAVI et du Fonds mondial pour les vaccins ont fait l’objet d’une attention soutenue de la part de nombreux acteurs dans le domaine de la santé publique internationale. Au nombre des plus attentifs, on compte ceux-là mêmes qui travaillent à la mise en œuvre du nouveau Fonds mondial de lutte contre le SIDA, la tuberculose et le paludisme.
L’équipe chargée d’élaborer le cadre réglementaire et opérationnel de ce nouveau fonds mondial se réunit pour la troisième et dernière fois ce mois-ci dans le but de prendre des décisions clés sur le fonctionnement du fonds. Dans l’intervalle, les discussions lors des réunions précédentes et les négociations, quant à elles, ont porté sur la définition d’un schéma directeur des activités et des priorités du fonds. Certaines des stratégies développées par les partenaires de GAVI pour financer et fournir en nouveaux vaccins les systèmes de vaccination des pays demandeurs font actuellement l’objet d’analyses et de modifications, de manière à répondre aux besoins de ce nouveau fonds.
Naissance d’une initiative
Les graines de ce nouveau fonds ont été semées lors du Sommet du G8 d’Okinawa en juillet 2000, lorsqu’a émergé pour la première fois l’idée d’un partenariat mondial pour mobiliser des ressources importantes destinées à la lutte contre les trois infections principales mortelles. En avril 2001, à l’occasion du sommet de l’Organisation de l’unité africaine (OAU) sur le SIDA d’Abuja, le Secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan, lançait un défi à la communauté internationale : créer « un fonds de lutte contre le SIDA ». Ce défi a été relevé en juin 2001 par les Chefs d’état lors de la première Assemblée générale de l’ONU portant sur le SIDA, puis de nouveau, un mois plus tard, lors du Sommet du G8 de Gênes.
Depuis, un Groupe de travail transitoire, constitué de quelque 40 représentants des gouvernements des pays en développement et des pays donateurs, d’organisations non gouvernementales, du secteur privé et des institutions de l’ONU, a été créé, avec pour mission de jeter les fondations et établir les principes opérationnels de ce fonds. Bénéficiant du support d’un secrétariat temporaire établi à Bruxelles, ce groupe de travail devrait, d’ici décembre 2001, avoir organisé six consultations régionales et thématiques avec les responsables de la santé des pays en développement, les ONG et les chercheurs universitaires afin d’élaborer des documents stratégiques et des propositions sur la manière dont ce fonds devrait fonctionner.
Le « modèle » de fonctionnement de GAVI a été cité à plusieurs reprises au cours des discussions, ainsi que dans les documents destinés à apporter un cadre au développement de ce nouveau fonds de lutte contre les maladies infectieuses. Plus le fonds prend forme, et plus il apparaît à présent qu’un certain nombre de ses éléments seront familiers à ceux qui ont travaillé avec GAVI.
Une structure légère
« Pas de nouvelle instance bureaucratique » : tel pourrait être le cri de ralliement de ceux qui travaillent à l’élaboration de ce nouveau fonds. Alors que les décisions fondamentales concernant la structure et les mécanismes d’élaboration des politiques de GAVI ont été prises avant même que le Fonds mondial pour les vaccins ne soit créé, les objectifs d’alors - légèreté et efficacité opérationnelles - sont considérés comme tout aussi adéquats pour le Fonds mondial de lutte contre le SIDA, la tuberculose et le paludisme.
Les derniers détails restent encore à régler, mais il est d’ores et déjà acquis que les orientations de ce nouveau fonds seront définies par un conseil restreint constitué de 18 membres, que l’administration sera confiée à un petit secrétariat et que les options politiques et techniques seront explorées par des groupes spéciaux ou des groupes de travail, puis soumises au conseil d’administration. Un forum multipartenaire plus large, comme ceux auxquels ont recours GAVI, les initiatives Roll Back Malaria (RBM, Faire reculer le paludisme) et Stop TB (Halte à la tuberculose), se réunira un an sur deux, et sera l’occasion pour de nombreux acteurs concernés de participer aux débats portant sur le fonctionnement du fonds.
Des propositions examinées par un comité indépendant
GAVI considère le Comité d’examen indépendant comme une composante vitale du processus propositionnel. Celui-ci a pour but de fournir des conseils neutres et cohérents au Conseil d’administration de GAVI pour lui permettre de déterminer quels sont les pays prêts à voir leurs propositions approuvées ou quels sont ceux qui ont besoin d’une aide technique supplémentaire avant que le financement et la livraison des vaccins puissent être envisagés. Il est très probable que le nouveau fonds mondial mette en place des procédures similaires ; il devra cependant suivre de près la charge de travail du Comité d’examen : celle-ci pourrait s’avérer lourde au regard du nombre potentiel de propositions pour combattre les trois maladies qui lui seront adressées.
Des partenariats à l’échelle nationale
Les Comités de coordination interagences (CCI) nationaux, qui avaient été initialement mis en place pour contribuer à éradiquer la polio avant de voir leur rôle élargi à l’amélioration des systèmes de vaccination systématique et à la préparation de la mise en œuvre des propositions soumises à l’approbation de GAVI et du Fonds mondial pour les vaccins, se sont avérés être un mécanisme solide permettant une collaboration accrue avec les partenaires nationaux et garantissant que chaque pays endosse pleinement ses plans vaccinaux. Le fonds mondial contribuera à promouvoir des partenariats semblables pour que les gouvernements, les ONG, les organisations du secteur privé, les institutions de l’ONU et les agences bilatérales qui sont engagés dans la lutte contre ces trois maladies puissent travailler ensemble pour développer des propositions, mettre en œuvre des programmes et assurer le suivi des résultats.
Les performances comptent
Actuellement, le système de « parts » de GAVI, qui consiste à investir dans des plans d’élargissement de la couverture vaccinale et à récompenser les pays proportionnellement à leurs résultats, fait l’objet d’un examen attentif dans le but de définir s’il pourrait servir de méthode d’attribution des financements consentis par le nouveau fonds.Les détails en sont encore à un stade de développement précoce, mais plusieurs possibilités sont envisagées pour financer des programmes qui procèdent au relevé d’indicateurs tels que le pourcentage d’enfants qui dorment sous des moustiquaires pour se protéger du paludisme, le nombre d’adultes qui ont accès à des tests volontaires de dépistage du HIV de qualité et à des programmes de conseil, ainsi que la proportion de personnes tuberculeuses qui terminent la thérapie DOTS. Les taux d’incidence de l’HIV pourraient aussi servir d’indicateurs.
Le conseil des représentants
La structure du conseil se différenciera quelque peu de celle qui existe à l’heure actuelle pour GAVI. Le conseil se composera en majorité de délégations des pays - 14 sièges, dont 7 iront aux pays en développement et 7 aux pays industrialisés. Pour finir, la société civile sera représentée d’une part par les ONG, avec 2 sièges, et par les fondations et les donateurs du secteur privé d’autre part, qui se verront attribués un siège chacun. Le conseil d’administration du fonds mondial inclura des institutions des Nations Unies, probablement l’OMS, ONUSIDA et la Banque mondiale, en tant que membres de plein droit et non pas comme membres votants. L’un des sièges de plein droit pourrait par ailleurs aller à une personne séropositive ou sidaïque, ou encore issue d’une communauté affectée par la tuberculose ou le paludisme. Les circonscriptions élaboreront leurs propres processus de sélection des représentants au conseil parmi leurs membres, avec possibilité de rotation ou de renouvellement des membres.
Des priorités ciblées
Afin d’agir rapidement pour réduire l’impact dévastateur et les souffrances causées par ces maladies infectieuses, le nouveau fonds concentrera ses efforts de financement sur l’envergure et l’élargissement du soutien qu’il apportera à toute intervention avérée et efficace. Le fonds s’attachera, surtout dans sa première phase, à porter une attention particulière aux résultats. Toutefois, l’expérience a montré qu’afin de promouvoir la viabilité, des efforts ciblés ne doivent jamais perdre de vue l’ensemble du contexte. Aussi, le fonds encouragera-t-il les programmes qui sauront s’inscrire dans les programmes, politiques, priorités et partenariats régionaux et nationaux existants, y compris les stratégies globales de réduction de la pauvreté et les approches développées à l’échelle du secteur, et viendront les compléter.
Des financements « de démarrage rapide »
Nombreux sont ceux qui pensent que la mise en œuvre de GAVI et du Fonds mondial pour les vaccins a été extrêmement rapide. Les pressions politiques qui s’exercent sur le Fonds mondial de lutte contre le SIDA, la tuberculose et le paludisme le poussent à être opérationnel encore plus rapidement. Lors de sa dernière réunion, ce mois-ci, le Groupe de travail transitoire se devra d’explorer les pistes stratégiques permettant de mobiliser des financements rapidement, probablement en identifiant des programmes qui sont prêts à être mis en œuvre mais manquent de ressources ou en attribuant un fonds de démarrage à des projets prometteurs qui donneront des résultats rapides et mesurables. Avec la santé de millions de personnes dans la balance, les choix effectués seront suivis avec vif intérêt.
Chargée de communication de GAVI, Lisa Jacobs conseille et aide à temps partiel le secrétariat temporaire du Fonds mondial de lutte contre le SIDA, la tuberculose et le paludisme.
Pleins feux sur la vaccination • Décembre 2001 - Contenu
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