Pleins feux sur la vaccination
novembre 2000
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NOUVELLES BREVES
Un moyen plus intelligent dacheter
Alors que la demande de vaccins dépasse largement loffre, Lisa Jacobs
découvre comment le système des achats se modernise.
SI seulement on pouvait se contenter de dire à une entreprise: "il nous
faut trois fois plus de vaccins cette année que lan dernier. Si vous
pouvez le fabriquer, nous lachèterons." Augmentez la capacité de
fabrication et commencez à produire, hein? Ce nest pas tout à fait
comme cela que les choses fonctionnent. Une entreprise doit consacrer un
temps énorme et investir des sommes colossales pour construire une
nouvelle unité de production de vaccins ou réaliser une importante
expansion. Cela explique que lorsquun vaccin doit être modifié au bout
dun certain temps, il se peut que l'offre savère difficile à trouver.
La création de GAVI et du Fonds mondial a généré une forte demande pour
le vaccin contre lhépatite B (hep B). Et déjà, GAVI sest heurté à un
problème doffre. Alors que la capacité mondiale de production du vaccin
hep B monovalent suffit pour répondre à la demande, une part importante
de la demande porte sur le vaccin combiné anti-diphtérie, tétanos et
coqueluche (DTP) et hep B. Or, sil est vrai quun certain nombre de
sociétés mettent au point ce vaccin combiné, seul une, SmithKline
Biologicals, possède actuellement cette combinaison préqualifiée par
lOMS et disponible à la vente. On ne va pas assister de sitôt à un
accroissement important de loffre.
Dans lintervalle, le Conseil dadministration de GAVI a pris une
décision de politique générale consistant à réserver le stock disponible
de vaccins combinés pour les pays dont les systèmes sont comparativement
plus faibles. Lutilisation de vaccins combinés réduit en effet le
fardeau de lintroduction de nouveaux vaccins: formation supplémentaire,
chaîne du froid et exigences logistiques.
En outre, les vaccins administrés en combinaison exigent moins
dinjections par enfant, ce qui accroît la sécurité. Les pays aux
systèmes plus solides seront encouragés à introduire le vaccin
monovalent dans le cadre de la vaccination systématique.
"La situation nest pas idéale, mais dici à ce que des combinaisons
soient disponibles en grandes quantités, nous aurons essayé délaborer
une politique daffectation transparente et équitable qui garantit le
plus haut degré de sécurité et permet à autant de pays que possible
davoir accès à des vaccins combinés par le biais du Fonds mondial",
déclare Steve Landry, de USAID et membre du Groupe de travail de GAVI.
Au moment de mettre sous presse, des fonctionnaires de lUNICEF et de
lOMS devaient rencontrer un certain nombre de responsables de la santé
des pays en développement pour discuter des vaccins disponibles et
essayer de faire coïncider la demande et loffre.
Une offre prévisible
Les vaccins ne sont pas comme la plupart des produits, pharmaceutiques
ou autres: ce sont des composés biologiques. Ils sont vivants, ont
besoin d'être cultivés et soignés tout au long de leur mise au point, et
sont sensibles au moindre impondérable survenant dans le processus de
fabrication.
Tous les composants destinés à leur fabrication doivent être élaborés
selon des normes très spécifiques de température, dhumidité, de
pression atmosphérique et bien sûr de sécurité et dhygiène. Non
seulement laccroissement de la capacité prend du temps, mais encore la
production de vaccins est fortement régulée, puisque chaque lot doit
être soumis à des tests rigoureux. Lorsque des erreurs se produisent, et
il sen produit, il se peut que lensemble du lot devienne inutilisable.
Lampleur des investissements nécessaires pour créer et maintenir des
capacités de fabrication de vaccins est donc tel que les entreprises
doivent tourner pratiquement tout le temps à pleine capacité ou presque.
Il est donc difficile de satisfaire à des augmentations brutales de la
demande. Le relèvement des capacités peut prendre des années.
Tout cela revient à dire que la fabrication de vaccins est grevée de
risques et de difficultés. Si un fabricant sous-estime la demande, il
risque de perdre une part de marché; sil la surestime, des
installations onéreuses sont insuffisamment utilisées et les
investissements se transforment en pertes.
Acheter des vaccins pour les enfants du monde
Les six vaccins introduits à grande échelle dans le monde en
développement par le biais du Programme élargi de vaccination mondial
(EPI) étaient déjà des produits mûrs quand le programme a commencé. La
maturité du vaccin signifie que sa production est dépourvue dà-coups,
la présence dun plus grand nombre de fabricants signifie que la demande
est plus facile à satisfaire, et lexistence dune plus grande capacité
de fabrication signifie que les coûts sont réduits et que les prix
peuvent suivre les coûts à la baisse.
Dans ce contexte, il était opportun pour lUNICEF de pratiquer une
politique dapprovisionnement qui atteigne les prix les moins élevés
possibles. A cette fin, elle a utilisé ce que lon appelle lapproche de
lappel doffres: en demandant chaque année ou tous les deux ans à tous
les fabricants qualifiés de soumettre des devis pour une quantité
précise dun vaccin donné.
Cette politique a ses avantages: les faibles prix des vaccins obtenus
grâce à cette méthode ont été essentiels pour aider même les pays les
plus pauvres à introduire une vaccination systématique de base dans
leurs systèmes de santé. Mais mettre exclusivement laccent sur le prix
sans négliger pour autant la qualité, bien entendu - présente
également quelques revers. Dune part, de nouveaux vaccins ont été mis
au point depuis que le PEV a commencé avec six vaccins dans les années
1970. De nombreux enfants des pays riches sont désormais protégés contre
11 ou 12 maladies évitables par la vaccination. Mais les vaccins les
plus récents ne sont pas disponibles pour la plupart des enfants des
pays en développement, pour deux raisons inextricablement liées: les
coûts plus élevés et loffre limitée.
Les programmes de santé des pays en développement ont fini par
considérer les vaccins comme des marchandises à faible prix. En fait, le
coût des vaccins nest quune petite fraction du coût estimé total de la
fourniture dune vaccination systématique à un enfant. Sur les quelque
20$ que coûte la protection dun enfant, les doses requises des six
vaccins reviennent à moins de 1$; lessentiel est constitué par les
coûts de personnel, de véhicules et de maintenance, léquipement de la
chaîne du froid, la formation et les autres frais généraux. Pour de
nombreux administrateurs de santé, lidée de payer plus que quelques
centimes pour un vaccin est anathème.
Mais laccent sur les prix peu élevés na pas aidé à convaincre les
fabricants quil peut être commercialement judicieux de procéder aux
investissements nécessaires en matière de mise au point et de capacité
de fabrication de vaccins destinés aux pays en développement.
Une nouvelle approche en matière dapprovisionnement
Avec la création de GAVI et laccent mis sur la réduction du délai entre
le moment où un vaccin devient disponible dans les pays riches et où il
lest dans les pays pauvres, la Division des approvisionnements de
lUNICEF a saisi loccasion de restructurer ses relations avec les
entreprises. Pour lacquisition de vaccins nouveaux et sous-utilisés,
lUnicef a décidé dutiliser la méthode des "demandes de propositions".
Par ce biais, lUNICEF demande aux entreprises de faire des offres à
plus long terme, cde qui leur assure des engagements plus stables sur
trois à cinq ans et garantit une offre durable de vaccins sur des
périodes plus longues. En outre, lindustrie du vaccin a proposé à
lUNICEF des éléments supplémentaires qui contribuent aux objectifs de
GAVI, notamment en matière de formation et de matériels, de dons, de
conjugaison de vaccins en vue daméliorer leur fourniture, ainsi que
déquipements dinjection.
Quelle a été la réaction des fabricants? "Les entreprises ont dépassé
nos attentes", déclare Steve Jarrett, directeur adjoint de la Division
des approvisionnements de lUNICEF. "Nous sommes saisis de nombreuses
offres intéressantes".
"Dans le domaine des vaccins, le processus de développement et de
fabrication est entaché de suffisamment dincertitudes; lUNICEF est
attachée à sa collaboration avec lindustrie en vue de créer un contexte
fiable et prévisible en matière doffre de vaccins," déclare Jarrett.
Commandes en gros
Avec laugmentation mondiale de la couverture vaccinale, denviron
5% en 1974 à près de 75% aujourdhui, le rôle de lUNICEF en
matière d'approvisionnements sest accru: en 1999, la Division des
approvisionnements de lUNICEF a expédié 104 millions de doses de
vaccins anti-rougeole, 102 millions de doses de BCG, 100,4
millions de doses de tétanos toxoïde et 90 millions de doses de
vaccins combinés diphtérie/tétanos/coqueluche (DTC).
Bien entendu, avec laccroissement de la demande dans le cadre des
efforts déradication mondiale de la poliomyélite, le gros des
achats de vaccins de lUNICEF en 1999 a porté sur le vaccin
anti-polio oral (VPO): lUNICEF en a expédié 881 millions de doses
en 1999.
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