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Pleins feux sur la vaccination
août 2000
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SUR LE TERRAIN
Un effort de rassemblement
La première série de gouvernements vient de mener à bien la procédure de
demande de soutien auprès du Fonds mondial pour les vaccins de
lenfance. Voici comment les choses se sont passées dans certains pays
dAfrique
POUR quiconque sest occupé de soumettre à GAVI une demande de soutien
de la part du Fonds mondial pour les vaccins de lenfance, ces derniers
mois viennent dêtre aussi bousculés que fascinants. Des calendriers
déjà serrés ont été rendus encore plus chargés par lorganisation de
réunions en tête à tête, souvent entre personnes qui ne sétaient jamais
vues bien quelles travaillent toutes à la vaccination dans le même
pays. Des données venant de sources parfois éparses ont été rassemblées
et analysées pour répondre aux critères fixés (voir
De quelle manière GAVI et le Fonds vont apporter leur soutien aux pays
). Mais que les gouvernements aient fait partie de la première fournée ou
aient décidé dattendre la seconde, lexpérience a été, de lavis de
nombreuses personnes impliquées, très fructueuse. Et tous les acteurs en
ont tiré des leçons qui leur seront fort utiles pour lavenir.
Livraison spéciale: des fournitures de vaccins quittent Maputo pour
les régions inondées du Mozambique en début dannée
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Plusieurs messages principaux sen dégagent. Tout dabord, ce
processus a donné aux pays une occasion unique de rassembler leurs
principaux "acteurs" en matière de vaccination et de réévaluer
leurs services actuels. Ensuite, il a servi dans certains cas de
catalyseur pour le changement, par exemple en suscitant
lengagement spécifique de tel ou tel Ministre de la Santé à
améliorer la sécurité des équipements de vaccination ou le
contrôle de la qualité des vaccins. Enfin, dans certaines
situations, il sest avéré plus judicieux dattendre pour
rassembler les informations permettant de soumettre une bonne
proposition au second tour que de se précipiter pour soumettre un
dossier incomplet au premier.
"Les discussions entraînent beaucoup de changements. Le processus
a été fort utile," déclare le Dr. Tarande Manzila, médecin chargé
des nouveaux vaccins au bureau régional de lOMS pour lAfrique
sub-saharienne, basé temporairement à Harare, Zimbabwe, qui a
travaillé avec un certain nombre de pays de la région à
lélaboration de leurs propositions.
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"Cette occasion de travailler en commun et de faire le bilan de la
situation nous a apporté à tous une excellente expérience," confirme Eva
Kabwongera, administratrice de projet de lUNICEF pour la santé à
Kampala, Ouganda.
Au Mozambique, déclare Miguel Aragon Lopez, du bureau de lUnicef à
Maputo, le processus a joué un rôle de catalyseur. Par exemple, en
voyant que GAVI allait fournir des seringues autobloquantes pour
linjection de vaccins nouveaux et sous-utilisés, le Mozambique qui
utilisait jusque là des seringues réutilisables a décidé demboîter le
pas à GAVI et dutiliser des seringues jetables pour tous les autres
vaccins quil administre dans le cadre de son programme, notamment
contre le BCG, la rougeole et le tétanos. De même, ajoute Rose Macauley,
conseillère technique du programme de vaccination du Mozambique auprès
du Ministère de la Santé, le processus a déclenché une réévaluation du
rôle du comité national de coordination sur la vaccination (CCV).
Auparavant, ce comité se concentrait uniquement sur léradication de la
poliomyélite. Désormais, son champ daction va être étendu. Cette année,
alors même que les services de vaccination du Mozambique continuent à
subir les contrecoups des inondations catastrophiques, le rythme du
redressement a été rapide.
Bien que ces nouvelles soient bonnes, tout ne sest pas déroulé à la
perfection dans la région. Comme dans tout partenariat de grande
envergure et à lourdes responsabilités, les activités des partenaires de
GAVI en Afrique se sont parfois empêtrées dans des confusions et ont
subi des chevauchements dans les premiers temps. Au début de lannée,
les gouvernements et les responsables de certains pays ont été
désorientés par des informations non coordonnées venant de différents
partenaires.
Pas de temps à perdre
De même, une fois que le processus a été mis en place, le travail a dû
se faire dans lurgence. Plusieurs fonctionnaires ont affirmé quils
auraient préféré avoir plus de temps pour se préparer. Les dossiers de
propositions, distribués à la mi-mai, devaient être retournés avant le
30 juin pour être pris en compte dans la première série "Cest un délai
très court, alors que notre travail est considérable et ne se limite pas
seulement à la procédure de GAVI", a déclaré quelquun. "Mais tout le
monde a fait de son mieux."
En outre, comme on pouvait sy attendre, les fonds disponibles ont
suscité une ruée. Certains Ministres de la Santé de retour de
lAssemblée mondiale de la Santé à Genève ont apparemment exigé que
leurs responsables de la vaccination remplissent et soumettent une
proposition dans la première série, bien que ces responsables leur aient
signalé que certaines informations requises pour compléter le dossier
faisaient défaut. Bien quil ne soit pas basé sur la concurrence, le
système ne peut fonctionner si les pays ne fournissent pas toute
linformation nécessaire. Les pays dont les propositions sont
incomplètes seront encouragés à les soumettre une nouvelle fois à une
date ultérieure: les efforts doivent être redoublés pour garantir que
tous les pays reçoivent les directives appropriées concernant cette
procédure, déclare le Dr. Manzila.
Pour garantir le meilleur usage possible du processus de dépôt des
propositions, les bureaux régionaux africains de lOMS et de lUNICEF
ont organisé une réunion informelle à Abidjan, Côte dIvoire, à la
mi-avril. Ils ont expliqué les mécanismes de GAVI et examiné certains
des problèmes principaux, notamment la manière dont les gouvernements
envisagent de soutenir durablement les services de vaccination au-delà
des cinq années de soutien accordé par lAlliance et le Fonds mondial
pour les vaccins de lenfance.
Ensuite, des fonctionnaires de lOMS ont travaillé ponctuellement avec
certains pays pour les conseiller sur leurs propositions, en se
concentrant initialement sur les pays les mieux équipés pour fournir les
informations requises dans le court délai imparti. Lorsque le temps
suffisait pour des discussions à des niveaux politiques plus élevés, des
visites personnelles se sont avérées étonnamment productives. Par
exemple, en Tanzanie, des contacts avec de hauts fonctionnaires du
Ministère de la Santé ont permis dobtenir un engagement renouvelé et
spécifique de la part du gouvernement à soutenir les services de
vaccination.
Dans certains cas, des consultants intervenant pour les partenaires de
GAVI ont conseillé les pays dattendre la deuxième série pour soumettre
leurs propositions. LOuganda a été lun de ces pays. "Au début, nous
nous sommes demandés pourquoi", déclare Kabwongera. "Mais nous avons
fini par convenir que si nous avions plus de temps, elle [notre
proposition] serait bien meilleure."
Réunir des données éparses
Les informations requises pour la proposition existent pour la plupart,
affirme Kabwongera, mais elles étaient éparses et devaient être
rassemblées. Ces dernières années, les services de vaccination de
lOuganda ont été mis à mal, sans doute à cause de lintroduction de
politiques telles que la décentralisation des services de soins de santé
et la réforme de la fonction publique, qui ont entraîné le licenciement
de travailleurs de la vaccination. Mais Kabwongera ajoute que depuis
lors, certains dentre eux ont été réengagés et des stratégies ont été
mises au point pour revitaliser le programme de vaccination.
Comme on pouvait sy attendre, il existe une grande diversité dopinions
sur la manière dont il conviendrait que lAlliance et le Fonds affinent
ou développent les conditions de leur soutien, et si même sur le point
de savoir sils devraient le faire. La caractéristique peut-être la plus
nouvelle du mécanisme pour les pays bailleurs de fonds est la notion de
"part", qui correspond à la contribution du Fonds au coût de la
vaccination complète dun enfant (voir De
quelle manière GAVI et le Fonds vont apporter leur soutien aux pays
). En théorie, ce montant a été fixé à 20$ par enfant. Certains commentateurs
(2) affirment que le coût réel varie dun pays à lautre, et que les
parts devraient donc être échelonnées en fonction de la taille de la
population et dautres facteurs. Dautres se félicitent de la souplesse
apportée par cette notion de "part", qui contraste avec la bureaucratie
qui accompagne traditionnellement le soutien apporté par les donateurs.
"La seule condition est la volonté résolue de vacciner réellement les
enfants", déclare Miguel Aragon Lopez au Mozambique.
Après tout, tous ces efforts naspirent à rien dautre.
Références
1. Alliance mondiale pour les vaccins et la
vaccination et Fonds mondial pour les vaccins de lenfant: Directives
relatives aux propositions des pays souhaitant bénéficier dun soutien.
Disponible auprès du Secrétariat de GAVI ou à
www.VaccineAlliance.org/download/guidelines.doc
2. African Perspectives on GAVI, annexe 7.2,
rapport de la troisième réunion du Conseil dadministration de GAVI à
Oslo, du 14 au 16 juin 2000. Présenté par Lomamy Shodu, Ministre de la
Santé du Zimbabwe.
www.VaccineAlliance.org/download/oslofullrept.doc
Phyllida Brown
De quelle manière GAVI et le Fonds vont apporter leur soutien aux
pays
Contenu: Dans un premier temps, GAVI
et le Fonds mondial pour les vaccins de lenfance vont apporter leur
soutien aux pays pour:
-
renforcer leurs services de vaccination pour les vaccins
existants tels que ceux contre la diphtérie, le tétanos et la
coqueluche (DTC3), la poliomyélite et la rougeole, et
-
introduire des vaccins sous-utilisés tels que ceux contre
lhépatite B et le Hib.
Bénéficiaires: Tous les
pays à faible revenu dont le PNB par habitant est inférieur ou
égal à 1000$US peuvent recevoir ce soutien. Des arrangements
spéciaux sont envisagés pour la Chine, lInde et lIndonésie.
Procédure: Pour recevoir le
soutien, un pays doit disposer:
-
dun mécanisme de coordination des activités de tous les
acteurs de la vaccination en état de fonctionner, généralement
un Comité de coordination inter-agences;
-
dune évaluation récente des services de vaccination, et
-
dun plan de vaccination sur plusieurs années.
Quel type de soutien est le mieux adapté à chaque pays?
-
Le soutien apporté aux services de vaccination doit être
accordé aux pays où la couverture pour le DTC3 est inférieure à
80% de la population cible. Le but sera de renforcer les
systèmes de santé en vue daméliorer le service dans tous les
districts.
-
Le soutien à lintroduction de vaccins nouveaux et sous-utilisés
sera apporté aux pays où la couverture du DTC3 est supérieure à
50%. Lorsquelle est inférieure, les pays seront encouragés à se
concentrer sur lamélioration de leur système de vaccination
global avant que ne soient introduits de nouveaux antigènes.
De quelle manière les fonds seront-ils débloqués?
-
Pour lamélioration des services de vaccination dans les pays
où la couverture du DTC3 est inférieure à 80%, GAVI et le Fonds
ont élaboré une approche radicalement nouvelle. Plutôt que de
lier les fonds à des usages spécifiques restreints, comme dans
le cas du soutien traditionnel des donateurs, cette approche
permet aux gouvernements et aux CCI de décider de la meilleure
manière dutiliser les fonds, ce qui exige en retour le respect
rigoureux dun ensemble dindicateurs de qualité.
Le financement sera fondé sur la notion de "part" de 20$US pour chaque enfant
intégralement vacciné. Le total des fonds disponibles sera
divisé en deux montants égaux. La première moitié sera débloquée
a priori sur la base du nombre denfants que le gouvernement
envisage de vacciner dans les deux années à venir, en sus du
pourcentage actuellement vacciné. La seconde moitié sera
attribuée sous forme de "récompenses" pour chaque enfant
supplémentaire effectivement vacciné.
-
Pour lintroduction de vaccins nouveaux et sous-utilisés, le
Fonds fournira des vaccins et des équipements dinjection sûrs.
Il est conseillé aux gouvernements denvisager de transférer les
coûts de ces articles à leurs propres budgets, ou de chercher à
obtenir un soutien externe pour leur achat, avant la fin de la
période de financement. Ces plans seront réexaminés en 2002.
Pendant combien de temps ces ressources seront-elles versées?
Les ressources actuelles du Fonds ont été budgétisées de manière à fournir à
tous les pays susceptibles den bénéficier un soutien sur cinq
années. Les partenaires de GAVI reconnaissent la nécessité dun
soutien durable, et sont en train de prendre des mesures pour
prolonger le Fonds au-delà de ces cinq ans. Mais ils aideront
également les gouvernements à planifier la manière de continuer à
fournir des services améliorés et à rechercher dautres soutiens.
Quelle est la prochaine date-limite?
Les propositions destinées à la prochaine série doivent être reçues par le
Secrétariat de GAVI avant le 15 octobre.
Lisa Jacobs
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