MISE A JOUR - Décembre 2001
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Une année consacrée au repérage du bacille Hib :
Comme l’a découvert Phyllida Brown, la mise en place de nouveaux outils d’évaluation de l’ampleur de ce bacille mortel porte rapidement ses fruits
MALGRÉ les quelque 400 000 décès infantiles dont il est à l’origine chaque année, l’Haemophilus influenzae Type B (Hib) a longtemps été perçu dans de nombreux pays comme une menace bénigne pour la santé. Encore l’année dernière, Pleins feux sur la vaccination signalait que certains gouvernements étaient réticents à l’idée d’introduire un vaccin contre le bacille Hib, par manque de données mettant en évidence le poids des pneumonies et des méningites causées par le microbe parmi la population locale (1).
Aujourd’hui, tout cela a bien changé. Les responsables de l’OMS signalent une augmentation considérable du nombre de pays en Afrique et au Moyen-Orient qui manifestent un vif intérêt à mesurer le poids de l’Hib au niveau national et qui prennent des mesures pour contrôler la maladie. « Ça prend comme un feu de paille », dit Chris Nelson, épidémiologiste du Département des Vaccins et Produits Biologiques de l’OMS.
Les raisons du soudain regain d’intérêt vis-à-vis de l’Hib peuvent être déclinées en deux parties. Tout d’abord, il y a le fait évident de pouvoir attirer de nouvelles ressources pour l’immunisation contre l’Hib par le biais de GAVI et du Fonds mondial pour les vaccins. Mais de manière tout aussi significative, de grandes initiatives sur le terrain ont été lancées pour permettre aux pays d’évaluer l’ampleur de l’Hib sur leur territoire, de sensibiliser les populations au problème et de bâtir des systèmes nationaux de surveillance.
L’Hib est une des principales causes de pneumonie et de méningite chez les enfants en bas âge, mais parce qu’il est difficile à diagnostiquer et que le diagnostic en question ne peut être confirmé que là où il existe des infrastructures hospitalières ou des laboratoires adéquats, il passe souvent inaperçu, mélangé à d’autres causes de pneumonie et de méningite dans les pays où le nombre de victimes pour cause de maladies infantiles est le plus important. Résultat : ce grand tueur a conservé un profile démesurément bas.
Tel n’est plus le cas. En 1999, l’OMS et ses collaborateurs avaient commencé à développer et à introduire un outil capable d’évaluer rapidement la portée locale de l’infection par l’Hib qui, après tests sur le terrain et affinement, est désormais publié et téléchargeable à partir du site Web de l’OMS(2). Et cette année, l’OMS a également lancé un réseau de surveillance en laboratoire de méningite bactérienne chez l’enfant, à commencer par l’Afrique Subsaharienne. L’initiative, qui investit $14 000 par pays pour la formation et l’équipement, est financée par le Programme Gates de vaccins pour l'enfant auprès du PATH et par l’Agence des Etats-Unis pour le développement international.
L’outil d’évaluation rapide peut être utilisé pour produire des estimations de l’ampleur de la maladie dans un délai d’environ 10 jours. Celui-ci utilise deux méthodes distinctes pour calculer cette estimation. Parce qu’il est difficile de réaliser une surveillance de la pneumonie, la première méthode se concentre sur l’identification des cas de méningite. Pour y parvenir, les responsables sélectionnent une zone géographique à l’intérieur de leur pays dans laquelle la population est bien définie et recherchent dans tous les dossiers cliniques les cas de méningite qui se sont produits chez les enfants au cours de l’année précédente. Ces données sont ensuite utilisées en conjugaison avec les informations concernant l’issue de la maladie de chaque patient et avec les données de laboratoire pour calculer une estimation locale des cas et des décès liés à l’Hib. Les estimations sont réalisées non seulement pour la méningite, mais également pour la pneumonie Hib qui est encore plus répandue : sur la base des données existantes, les chercheurs estiment qu’il existe environ cinq cas de pneumonie Hib pour chaque cas de méningite Hib. Une fois que cet exercice a été réalisé dans plusieurs régions, on extrapole les estimations nationales.
Au tour de l’Asie et du Pacifique
La seconde méthode de l’outil est utilisée là où les dossiers cliniques et de laboratoire ne sont pas suffisamment complets ; celle-ci est également utilisée, le cas échéant, en complément de la première méthode. S’appuyant sur les données concernant les décès des enfants de moins de 5 ans, les responsables identifient le pourcentage desdites disparitions qui sont dues à des infections respiratoires aiguës (IRA) et utilisent ensuite les données existantes pour estimer la proportion des décès par IRA liés à l’Hib. Cela permet de dégager une estimation du nombre de cas de méningite Hib.
Les pays ont vite réagi pour mettre en œuvre l’outil : en Afrique sub-saharienne, au Ghana, en Tanzanie et en Ouganda, des évaluations ont été menées tandis que dans la région de la Méditerranée Orientale de l’OMS, en Egypte, en Iran, en Jordanie, à Oman et au Yémen, des évaluations ont également été achevées. L’année prochaine, le Zimbabwe, Le Liban, la Libye et le Pakistan comptent parmi les pays qui prévoient de mettre ce projet à exécution et on s’attend à ce que ces activités s’étendent à l’Asie du Sud et au Pacifique avec des évaluations prévues au Bangladesh, en Malaisie, aux Maldives et en Thaïlande.
Pendant ce temps, le réseau pour la surveillance de la méningite bactérienne pédiatrique a déjà mené des séances de formation pour pédiatres, microbiologistes et responsables des données issus du plus grand hôpital de la capitale de chacun des 27 pays d’Afrique Subsaharienne, aux côtés des responsables de l’immunisation de chaque ministère de la santé.
Nouvel équipement
« Réunir tous les membres de l’équipe de surveillance en même temps a contribué à la réussite précoce du programme et a aidé à sensibiliser les personnes », dit Nelson. La formation couvre les activités de surveillance en clinique et laboratoire et sous la houlette d’un coordinateur régional, l’initiative fournit à chaque pays un manuel (3), des réactifs de laboratoire et des ordinateurs portables pour la gestion des données et la préparation de rapports.
A Addis-Abeba, en Ethiopie, plus tôt ce mois-ci, le Dr Themba Mhlanga, coordinateur du réseau en Afrique Subsaharienne, a rendu une évaluation optimiste des progrès réalisés. « A peine six mois après la première séance de formation, on peut déjà voir que ce programme est une réussite, la moitié de l’ensemble des pays présentant des données de surveillance tous les mois », a-t-il annoncé au Groupe de travail pour la vaccination en Afrique. L’année prochaine, il est prévu que le réseau de surveillance s’étende à la région de la Méditerranée Orientale.
Jusqu’à présent, seuls le Ghana, le Kenya, le Malawi, le Rwanda et l’Ouganda ont bénéficié de vaccins contre l’Hib (sous forme conjuguée) alloués par GAVI et le Fonds mondial pour les vaccins. Il est peu probable que d’autres pays reçoivent le vaccin contre l’Hib avant l’année prochaine, au plus tôt, à cause d’une pénurie dans l’approvisionnement en vaccins conjugués existants (voir article dans ce numéro, page 2). Mais à en juger par l’expérience de pays en Amérique latine, en Europe et en Amérique du Nord, il est probable qu’une fois introduit, le vaccin aura un impact considérable : l’Hib pourrait quasiment être éradiqué en l’espace de quelques années dans les pays où les programmes de vaccination sont entièrement mis en œuvre. Pour l’heure, cependant, il incombe aux pays d’établir une surveillance de la méningite bactérienne pédiatrique et de mesurer l’ampleur de l’Hib. Jusqu’à présent, au regard de l’engagement dont ont fait preuve les pays faisant partie du premier cycle, tous les signes portent à croire qu’on se dirige rapidement vers ce dénouement.
Références et ressources
(1) Le tueur de l’ombre. Pleins feux sur la vaccination, août 2000.
(2) Estimating the local burden of Hib disease preventable by vaccination (WHO/V&B/01.27) à l’adresse http://www/who.int/vaccinesdocuments/ DocsPDF01/www625.pdf avec un fichier Excel à l’adresse
Voir également les documents connexes suivants :
Expert review of a tool for rapidly assessing Haemophilus influenzae type b (Hib) disease burden (WHO/V&B/01.25) PDF and Estimating the potential cost-effectiveness of using Haemophilus influenzae type b (Hib) vaccine. Field test version 1 (WHO V&B/01.36).
(3) The WHO/AFRO Hib-Paediatric Bacterial Meningitis (Hib-PBM) Surveillance Network: Surveillance Manual. Field Test Version, juillet 2001.
Note
Les directives de gestion pour l’introduction du vaccin contre l’Hib sont également disponibles auprès de l’OMS, y compris des informations destinées aux personnels de santé et aux parents (WHO/V&B/00.05).
Une fiche d’informations sur l’Hib est également disponible (WHO/V&B/01.29) .
Phyllida Brown
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